Une autre harmonie en bord de mer
Au bord de la mer du Nord, entre Amsterdam et La Haye, se trouve la petite ville néerlandaise de Noordwijk. C’est là que se trouve le Woonzorgpark Willem van den Bergh, un parc et centre résidentiel médicalisé pour les personnes en situation de handicap mental et physique. Son nouveau bâtiment central est un joyau en bois qui se fond parfaitement dans les dunes de la plage. Tout comme les dunes, il dégage une sensation de douceur, de chaleur et de naturalité.
Mais surtout, il regroupe toutes les fonctions du centre sous un seul et même toit. Sur ses 7000 m², on trouve un restaurant, un supermarché, une piscine thérapeutique, un gymnase, un centre de soins ambulatoires, des bureaux et des lieux de rencontre. Auparavant, tous ces services étaient répartis dans plusieurs bâtiments disséminés sur les 12 000 mètres carrés que compte le parc. Le gain d’efficacité est donc énorme.
«Il était essentiel de réduire la superficie dévolue aux locaux de façon à réserver nos ressources à notre activité principale pour le plus grand bien de nos clients», explique Iwan Nieuwenhuijzen, chef de projet immobilier chez ’s Heeren Loo.
Un sentiment de bien-être
Le prestataire de soins de santé néerlandais ’s Heeren Loo propose un accompagnement et un logement à plus de 12 000 personnes en situation de handicap mental ou physique.
En 2016, il a fait appel au cabinet IRA Architecten pour concevoir le nouveau bâtiment central.
«Nous souhaitions créer un sentiment de bien-être, quel que soit le but de la visite. C’est un bâtiment multifonction. Si on a rendez-vous chez le médecin, les besoins et attentes ne sont pas du tout les mêmes que si on va au supermarché. Il fallait que la structure soit adaptée aux deux finalités», détaille Henk Gersen, architecte et directeur d’IAA.
Marquer la différence
Ce qui frappe le plus quand on voit le bâtiment central, ce sont ses formes arrondies et sa façade en bois, qui évoque une naturalité en harmonie avec le cadre environnant de la mer du Nord. D’autres éléments ont dicté ce choix.
«Les résidences sont en brique. Il fallait que le bâtiment central soit bien distinct, pour qu’il soit facile à reconnaître. C’est très important pour certaines personnes en situation de handicap», indique Henk Gersen.
«Il était essentiel que toutes les fonctions soient réunies dans un seul et unique bâtiment compact, sans réduire l’accessibilité pour nos clients en fauteuil roulant ou souffrant d’autres handicaps. Il était tout aussi crucial que les malvoyants puissent trouver leur chemin à l’intérieur», ajoute Iwan Nieuwenhuijzen.
C’est la raison pour laquelle des couleurs contrastées ont été choisies.
«Les portes ne sont pas de la même couleur que les murs, ainsi on peut les identifier plus facilement», ajoute-t-il.
Plus qu’une série de pièces
Le regroupement de plusieurs bâtiments en un seul a permis de créer un lieu accueillant propice aux rencontres spontanées comme aux rendez-vous programmés. Le hall d’entrée est spacieux et abrite des petits coins repos attirants.
«Le premier contact avec le bâtiment est très important. Un édifice n’est pas uniquement une série de pièces sous un toit. Ce que l’on voit, entend et ressent doit faire une impression positive», insiste Henk Gersen.
Il souligne l’importance d’une bonne acoustique dans ce type de centre qui sera fréquenté par de nombreuses personnes en situation de handicap.
«Certains clients peuvent faire beaucoup de bruit sans prévenir. Il est donc d’autant plus essentiel d’éliminer le bruit aussi près de la source que possible dans ce type de bâtiment. Pour résoudre ce problème, nous avons fait appel à des acousticiens dès le début de la réflexion.»
Ce que l’on entend compte autant que ce que l’on voit, notamment pour nos clients malvoyants. Une mauvaise acoustique est un grand facteur de stress chez nos clients. Pour nous, l’acoustique compte plus en fait que le décor.
Le son compte autant que la vision
Le bâtiment central étant multifonction, chacune de ses divisions devait être adaptée à des conditions acoustiques spécifiques.
«On utilise souvent le même type de plafond partout dans beaucoup de bâtiments. Ce n’est pas optimal et cela ne marcherait certainement pas dans ce cas. Chaque pièce ou chaque partie du bâtiment central a une fonction différente. Nous avons donc dû choisir plusieurs types de plafonds et d’absorbants pour chaque division.»
Iwan Nieuwenhuijzen confirme que l’environnement acoustique était un élément clé du projet.
«Ce que l’on entend compte autant que ce que l’on voit, notamment pour nos clients malvoyants. Ils peuvent être dépendants de la communication par la parole et il est donc crucial qu’ils puissent bien entendre. Une mauvaise acoustique est un grand facteur de stress chez nos clients. Pour nous, l’acoustique compte plus en fait que le décor.»
La mission la plus difficile
Pour un architecte, créer une architecture à la fois fonctionnelle et conviviale pour les personnes en situation de handicap mental ou physique est ce qu’il y a de plus difficile, affirme Henk Gersen. Il faut mobiliser toutes ses compétences professionnelles et des années d’expérience pour réussir.
«Nous devons nous mettre en situation de penser comme les personnes handicapées et de ressentir ce qu’elles ressentent. Comment vont-elles réagir, que voient-elles, quelle est leur perspective? En fauteuil roulant, le champ de vision est limité, murs ou plafond peuvent alors avoir une certaine importance.»
Henk Gersen prend l’exemple du restaurant. Si beaucoup de clients sont en fauteuil roulant, on pourrait penser logiquement qu’on peut réduire le nombre de chaises, puisqu’ils ne les utiliseront pas.
«C’est une erreur. Quelle impression auront les convives? Les chaises autour des tables sont un moyen fort de souhaiter la bienvenue.»
Quand on lui demande s’il y a une division ou une fonction du bâtiment qu’il souhaite mettre en avant, Henk Gersen hésite. Il réfléchit un moment en silence.
«Eh bien, l’extérieur est vraiment magnifique. Mais aussi, quand on entre... Non, je suis vraiment très content de l’ensemble!»
Par: Lars Wirtén